Pourquoi l’Europe doit-elle accroître sa vigilance ?

L’antibiorésistance devient un enjeu majeur de santé publique en France et en Europe, avec une prévision alarmante de 238 000 décès d’ici 2050. Les bactéries résistantes, comme Klebsiella pneumoniae, connaissent une hausse inquiétante des infections.

Pourquoi l’Europe doit-elle accroître sa vigilance ?

  • Euro souligne crise antibiorésistance
  • Augmentation infections bactéries résistantes
  • Surconsommation antibiotiques cause principale
  • Inovations diagnostics prévues lutte antibiorésistance

Une hausse alarmante des cas d’infections causées par des bactéries résistantes

L’Union européenne tire la sonnette d’alarme quant à l’augmentation des infections sanguines causées par Klebsiella pneumoniae résistante aux antibiotiques. Selon un rapport publié par Linternaute Santé, ces cas ont augmenté de 57% entre 2019 et 2022 dans 23 pays membres. Cette bactérie, généralement inoffensive dans notre intestin, peut provoquer de graves infections telles que pneumonies ou septicémies pouvant entraîner le décès.

De plus, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estime que plus de 35 000 décès par an en Europe sont directement liés à ces infections résistantes aux antibiotiques.

Comprendre les causes de l’antibiorésistance

La surconsommation d’antibiotiques est souvent identifiée comme la principale cause de cette résistance croissante. Que ce soit en médecine humaine ou vétérinaire ainsi que dans l’agroalimentaire, ces médicaments sont parfois utilisés abusivement. Cela permet aux bactéries de s’adapter et devenir plus résistantes.

Des chercheurs de l’Université d’Oxford soulignent qu’après un certain niveau d’utilisation intensive des antibiotiques, la résistance semble atteindre un plateau. D’autres facteurs encore mal compris pourraient donc intervenir dans ce phénomène. Leurs travaux ont été publiés dans la revue PLOS Pathogens et sont accessibles via PubMed Central.

Des innovations pour mieux détecter les bactéries ultrarésistantes

Face à cette situation critique, les chercheurs développent des solutions innovantes. En Suisse, des scientifiques ont créé des capteurs ultrasensibles capables d’identifier directement les bactéries ultrarésistantes. Ces dispositifs pourraient permettre des diagnostics plus rapides et ciblés pour améliorer l’efficacité du traitement.

Par ailleurs, l’Université de Lausanne élabore un modèle d’intelligence artificielle (IA) nommé DIA qui vise à détecter plus efficacement les résistances bactériennes grâce à l’analyse de données cliniques. Une avancée prometteuse pour améliorer la prise en charge des infections graves.

L’approche « One Health » pour lutter contre l’antibiorésistance

La lutte contre l’antibiorésistance nécessite une approche intégrée appelée « One Health », soutenue par l’OMS. Ce concept prône une vision globale reliant santé humaine, animale et environnementale.

Le laboratoire Resinfit basé à Limoges se distingue par son engagement envers cette stratégie en coordonnant plusieurs projets européens visant à réduire l’usage excessif d’antibiotiques tout en surveillant attentivement les évolutions liées aux résistances. Agir maintenant permettrait alors d’éviter que certaines infections aujourd’hui bénignes ne deviennent ingérables demain.

« Le risque serait de perdre tous les progrès médicaux si nous ne sommes plus capables de traiter les infections », avertit le Dr Julien Textoris chez bioMérieux qui précise qu’une étude récente menée par l’OMS projette jusqu’à 39 millions de morts chaque année dus directement à la résistance aux antibiotiques d’ici 2050.

A adopter au quotidien : réflexes contre l’antibiorésistance

Chacun peut jouer un rôle clé pour limiter les risques liés à l’antibiorésistance, sans être médecin ! Voici quelques gestes simples :

  • Ne jamais prendre d’antibiotiques sans ordonnance
  • Suivre scrupuleusement la durée du traitement prescrit
  • Ne jamais partager ses antibiotiques avec autrui
  • Préférer se faire vacciner lorsque c’est possible (grippe, pneumocoque)

A savoir : Bien que la consommation générale d’antibiotiques ait diminué depuis dix ans en ville, la France demeure le quatrième pays européen consommateur derrière la Grèce, Roumanie et Bulgarie.

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