Les difficultés d’accès aux soins en France s’aggravent, suscitant des propositions politiques simplistes. Un groupe de médecins et d’étudiants appelle à une approche réfléchie face à cette crise. La situation actuelle nécessite un soutien adéquat pour les médecins plutôt que des contraintes supplémentaires.

- Médecins et étudiants appellent à une approche réfléchie
- Le numerus clausus a réduit considérablement le nombre de médecins
- L'effondrement de l'exercice libéral entraînerait un débordement des hôpitaux
- Des mesures simplistes ont manqué d'efficacité
Les difficultés d’accès aux soins résultent de problèmes complexes
En France, l’accès aux soins est devenu un enjeu majeur, mis en lumière par les étudiants en médecine, internes et médecins. Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante. D’abord, le numerus clausus, instauré dans les années 1970 et atteint son pic dans les années 1990, a considérablement réduit le nombre de médecins formés. Parallèlement, la population française vieillit et souffre de plus en plus de maladies chroniques, augmentant ainsi la demande de soins.
La réalité est claire : l’offre médicale ne répond pas à la demande croissante, surtout dans le domaine de la médecine ambulatoire où l’exercice libéral est en déclin.
Le système de santé repose sur deux piliers complémentaires
Le système sanitaire français fonctionne grâce à deux composantes majeures : la médecine libérale, qui s’occupe du premier recours, et l’hôpital, dédié au second ou troisième recours. Si l’on néglige la médecine libérale par des mesures restrictives, cela pourrait entraîner un engorgement des hôpitaux incapables de gérer toutes les demandes. L’effondrement de l’exercice libéral aura comme conséquence le débordement de l’hôpital. Il devient donc crucial d’encourager ces deux systèmes au lieu d’imposer davantage de contraintes.
Des solutions simplistes manquent cruellement d’efficacité
Dans ce contexte difficile, certaines mesures sont avancées comme panacées sans preuves tangibles d’efficacité. Le député Guillaume Garot a proposé une régulation stricte sur l’installation des médecins afin qu’ils se concentrent sur les zones sous-dotées. Cependant, cette approche ignore un élément essentiel : il n’existe pas suffisamment de médecins pour répondre pleinement aux besoins existants.
Ce modèle a été déjà testé chez les infirmiers avec une régulation mise en place depuis 2012 ; pourtant elle n’a pas réussi à rediriger efficacement les installations vers les zones sous-dotées mais plutôt vers des zones intermédiaires moins touchées.
De plus, le modèle allemand montre également ses limites ; selon un rapport du Sénat datant de 2016 : « si le conventionnement sélectif permet d’empêcher l’implantation de nouveaux médecins dans les zones sur-denses, il ne parvient pas à imposer cela dans les zones sous-denses. »
Protéger la santé mentale des professionnels médicaux est essentiel
Pour résoudre efficacement ces défis liés à l’accès aux soins, il est impératif d’agir avec collaboration envers ceux qui exercent déjà ou envisagent d’exercer ce métier crucial. La priorité doit être donnée à améliorer leurs conditions professionnelles afin que leur travail soit valorisé et attrayant.
Faire peser tout le poids du système actuel sur ces praticiens serait une grave erreur susceptible non seulement d’altérer leur bien-être mental mais aussi celui du service public lui-même pouvant mener à un afflux massif hors du secteur médical traditionnel.
Auteurs : Bastien Bailleul (ISNAR-IMG), Raphaël Dachicourt (ReAGJIR), Killian L’Helgouarc’h (ISNI), Lucas Poittevin (ANEMF).
Signataires : Agnès Giannotti (MG France), Franck Devulder (CSMF), Luc Duquesnel (CSMF-Généralistes), Patricia Lefebure (FMF), Sophie Bauer (SML), Jérôme Marty (UFML-S), Anna Boctor (Jeunes Médecins) entre autres leaders syndicaux du secteur médical français.