Je suis tombĂ©e dans lâhypocondrie Ă 39 ans quand jâai trouvĂ© une petite boule dans mon sein. Normalement, je ne me serais pas inquiĂ©tĂ©. Mes seins sont naturellement trĂšs denses et grumeleux, et mon mĂ©decin nâavait jamais semblĂ© inquiet. Mais cette grosseur particuliĂšre est apparue pendant la pĂ©riode la plus difficile de ma vie â au milieu de regarder mon pĂšre mourir dâun cancer.
Juste aprĂšs lâavoir trouvĂ©, je suis allĂ© avec ma famille au bureau de lâoncologue de papa, oĂč nous allions dĂ©couvrir si un Ă©pisode infernal de radiothĂ©rapie et de chimio avait tuĂ© le cancer qui se dĂ©veloppait dans lâĆsophage de papa.
Pendant que nous attendions, jâai regardĂ© une de ces cartes en plastique qui expliquent comment faire un auto-examen des seins. Je tenais toujours la carte lorsque le mĂ©decin est entrĂ© et a fixĂ© des radiographies sur un tableau lumineux. Il dĂ©signa une petite tache sombre sur le foie de mon pĂšre. Son cancer se propageait.
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Quand jâai pu arrĂȘter de pleurer, jâai rĂ©alisĂ© que je tenais toujours la carte dâexamen des seins. Cela ressemblait Ă un signe. Je suis rentrĂ© chez moi et jâai tapĂ© « grosse poitrine » sur Google, et ce que jâai lu mâa fait trembler les mains et mon cĆur sâest accĂ©lĂ©rĂ©. Soudain, je ne pouvais plus penser Ă rien dâautre. Sous la douche, Ă table, en conduisant les enfants Ă lâĂ©cole, je ne pensais quâĂ mourir.
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Trouble anxieux
AprĂšs cela, jâĂ©tais vraiment malade, mais pas du cancer. Lâhypocondrie â qui est maintenant appelĂ©e trouble anxieux de la maladie â peut sembler ĂȘtre une blague, une Ă©tiquette que vous collez Ă un ami dont les drames de santĂ© ne reprĂ©sentent jamais rien.
Mais comme la dĂ©pression ou lâanxiĂ©tĂ©, le trouble anxieux de la maladie est un trouble psychiatrique reconnu. La BibliothĂšque nationale de mĂ©decine (NLM) le dĂ©finit comme « une prĂ©occupation selon laquelle les symptĂŽmes physiques sont des signes dâune maladie grave, mĂȘme lorsquâil nây a aucune preuve mĂ©dicale pour Ă©tayer la prĂ©sence dâune maladie ».
Comme la dĂ©pression ou lâanxiĂ©tĂ©, le trouble anxieux de la maladie existe sur un continuum, des personnes qui sâinquiĂštent simplement excessivement pour leur santĂ© Ă celles qui sont complĂštement affaiblies par la peur. Selon le NLM, certains peuvent mĂȘme rĂ©aliser que leur peur est dĂ©raisonnable ou infondĂ©e. Ils se sentent souvent mieux pendant une courte pĂ©riode, puis commencent Ă sâinquiĂ©ter des mĂȘmes symptĂŽmes ou de nouveaux symptĂŽmes.
Les autres symptĂŽmes de lâhypocondrie ou du trouble anxieux liĂ© Ă la maladie comprennent :
- Un manque de contrĂŽle sur les peurs et les soucis
- Une croyance que les symptĂŽmes ou les sensations sont un signe de maladie grave
- Une tendance à chercher réguliÚrement à se rassurer auprÚs de la famille, des amis ou des fournisseurs de soins de santé
Les vrais hypocondriaques ne se contentent pas dâinventer de faux symptĂŽmes et des douleurs imaginaires dans le but dâattirer lâattention. Au lieu de cela, chaque fois quâun vĂ©ritable symptĂŽme apparaĂźt, ils croient que quelque chose ne va vraiment pas. Lorsquâun test ne donne rien, un hypocondriaque sâinquiĂšte de toute façon, sĂ»r que le prochain test ou mĂ©decin dĂ©couvrira une maladie grave, voire mortelle.
Je nâimaginais pas la grosseur dans mon sein. Ce qui a fait de moi une hypocondriaque, câest quâaucune mammographie, Ă©chographie ou IRM rassurante nâa jamais pu me convaincre que je nâĂ©tais pas en train de mourir.
« Oups, il y a une messe »
AprĂšs cette premiĂšre recherche paniquĂ©e sur Google, je suis allĂ© directement au bureau de mon OB-GYN pour faire vĂ©rifier la masse. Pendant quâune infirmiĂšre me poussait et me pĂ©trissait doucement, je bavardais avec elle, essayant de me calmer.
JâexagĂ©rais probablement, ai-je dit et expliquĂ© que mon pĂšre â la seule personne qui pouvait me faire sentir Ă la fois complĂštement protĂ©gĂ© et complĂštement sĂ»r de ma propre force â Ă©tait en train de mourir. Aussi proches que papa et moi Ă©tions, il Ă©tait difficile de sĂ©parer ce qui lui arrivait de ce qui mâarrivait.
LâinfirmiĂšre acquiesça gentiment. Puis elle a dit : « Oups, il y a une messe. »
Un mot comme « masse » a une façon de dĂ©pouiller toute logique de la conversation. LâinfirmiĂšre a dit que ce nâĂ©tait probablement rien, mais jâavais besoin dâune mammographie et dâune Ă©chographie pour ĂȘtre sĂ»re. Elle mâa dit Ă plusieurs reprises que cette masse ne lui ressemblait pas Ă un cancer, que 80 % des masses, mĂȘme les plus suspectes, ne sâavĂ©raient pas ĂȘtre un cancer, et que « ce nâĂ©tait pas le moment de commencer Ă planifier mes funĂ©railles ».
Mais pour une femme avec une masse au sein et un pÚre mourant, le mot « funérailles » fonctionne comme une bombe sale, explosant en fragments qui se logent profondément dans le cerveau.
Les tests ont seulement confirmĂ© que jâavais des tissus mammaires extrĂȘmement denses, ce qui rend presque impossible pour un radiologue de voir quoi que ce soit dans une mammographie ou une Ă©chographie. La prochaine Ă©tape? Une biopsie. Cela sâest bien passĂ©, et le joyeux chirurgien mâa dit quâil ne sâinquiĂ©tait pas du tout pour moi.
Mais ensuite, il a dit que je devais revenir pour une autre Ă©chographie dans trois mois. Cachait-il quelque chose ? Sâil nây avait rien de mal, pourquoi avais-je besoin de revenir ?
Il sâavĂšre que le tissu mammaire dense est un facteur de risque de cancer, câest pourquoi ni ce chirurgien ni celui que jâai consultĂ© pour un deuxiĂšme avis ne me donneraient un feu vert. Trois fois cette premiĂšre annĂ©e, je suis revenu pour des examens programmĂ©s. Ă deux autres occasions, je me suis prĂ©sentĂ© avec de nouvelles bosses qui mâinquiĂ©taient.
Ă chaque fois, mes rĂ©sultats de test nâont rien montrĂ© dâanormal. Mais au lieu de me sentir soulagĂ©, je ruminais le cancer en cachette, celui que le mĂ©decin nâa pas attrapĂ©.
JâĂ©tais tellement inquiĂšte que je pouvais Ă peine travailler. Jâai annulĂ© des dĂźners et refusĂ© de planifier lâavenir. Lorsque les dĂ©corations Ă©taient en vente aprĂšs les fĂȘtes, je pensais : « Je ne vivrais peut-ĂȘtre pas pour NoĂ«l prochain », et je nâachetais rien.
Pendant ce temps, mes parents sont venus vivre avec ma famille et moi, pour que je puisse aider maman Ă sâoccuper de papa. Un de mes fils, essayant de comprendre la maladie de son grand-pĂšre, a dit : « Tu ne vas pas tomber malade aussi, nâest-ce pas, maman ? Il me regarda avec confiance, et la peur monta dans ma gorge si Ă©paisse que je pouvais Ă peine respirer.
Le stress entraĂźne plus de symptĂŽmes
Avant longtemps, le stress a entraĂźnĂ© davantage de symptĂŽmes qui semblaient justifier un suivi : insomnie, palpitations cardiaques, rĂšgles irrĂ©guliĂšres et maux dâestomac constants. Au cours des annĂ©es suivantes, jâai eu des Ă©chographies pelviennes, une coloscopie, une endoscopie, une colposcopie, un Ă©lectrocardiogramme et dâinnombrables tests sanguins â et tout nâallait pas.
La plupart des tests, je suppose, ont Ă©tĂ© ordonnĂ©s par mes mĂ©decins incroyablement patients pour apaiser mes peurs. Mais plus je faisais de tests, plus je devenais inquiet. Les bons rĂ©sultats des tests nâont pas Ă©tĂ© une consolation pendant les trois annĂ©es quâil a fallu Ă mon pĂšre pour mourir et lâannĂ©e de deuil qui a suivi.
Pour les personnes affaiblies par lâhypocondrie, les antidĂ©presseurs et la thĂ©rapie peuvent aider. Mais je nâai jamais envisagĂ© ces options car, comme tant dâautres hypocondriaques, je ne savais pas que jâen Ă©tais un.
Ce qui mâa « guĂ©ri », câest le fait que je ne suis pas mort. Le temps a passĂ© aprĂšs la mort de mon pĂšre et jâai commencĂ© Ă reconnaĂźtre le lien entre mes peurs et mon chagrin face Ă sa perte. Jâai rĂ©alisĂ© que mĂȘme si je ne pouvais pas bannir complĂštement cette peur, je pouvais prendre des mesures pour lâempĂȘcher de devenir incontrĂŽlable.
Finalement, jâai cessĂ© de considĂ©rer mon corps comme une bombe Ă retardement et jâai finalement commencĂ© Ă le considĂ©rer comme la chose mĂȘme qui me permet de vivre une vie heureuse.
Ce que jâai appris de lâhypocondrie
Ces jours-ci, je dors mieux et je ris plus. Les bilans de santé me rendent toujours nerveux, mais je me débrouille en me souvenant de tous les tests et biopsies qui se sont bien passés.
Je ne Google plus chaque petit mal et douleur Ă cause de lâinĂ©vitable mise en garde : « Rarement, ce sont aussi des symptĂŽmes dâune maladie plus grave. » Au lieu de cela, jâadopte une approche attentiste. Je suis plus susceptible de mâinquiĂ©ter si je suis Ă©puisĂ© ou stressĂ©, donc je dors huit heures et je ne saute jamais mon entraĂźnement.
Jâai un mariage heureux, des enfants en bonne santĂ©, des amitiĂ©s profondes et un travail intĂ©ressant. Cela a toujours Ă©tĂ© vraiââpar eux-mĂȘmes, de telles bĂ©nĂ©dictions ne sont pas une protection contre lâhypocondrie. Mais je comprends maintenant que la peur constante de la mort est le moyen le plus sĂ»r de ruiner ma propre vie bĂ©nie.
Et Ă sa maniĂšre, mon combat contre lâhypocondrie sâest avĂ©rĂ© ĂȘtre un cadeau. Les irritations quotidiennes qui me rendaient distraite â les retards de la circulation, les collĂšgues instables, les rendez-vous annulĂ©s â me touchent Ă peine maintenant. Je suis trop occupĂ© Ă me sentir reconnaissant dâĂȘtre en vie.
FAQ
Qu'est-ce que l'hypocondrie ?
L'hypocondrie est un trouble psychologique qui se caractérise par une préoccupation excessive et démesurée pour sa santé. Les personnes atteintes ont tendance à interpréter de façon catastrophique les moindres symptÎmes ou sensations corporelles.
Elles rĂ©alisent souvent des examens mĂ©dicaux rĂ©pĂ©titifs pour se rassurer, mĂȘme sans prĂ©sence de maladie rĂ©elle. Ce trouble peut grandement affecter la qualitĂ© de vie et les relations sociales des individus concernĂ©s.
En quoi consiste la guérison de l'hypocondrie ?
La guérison de l'hypocondrie consiste en une prise en charge psychologique permettant au patient de surmonter ses peurs et d'anxiétés liées à sa santé. Il s'agit également d'apprendre à mieux gérer son stress et ses émotions pour ne plus focaliser sur des sensations physiques non significatives. Le traitement peut inclure des séances de psychothérapie, des exercices de relaxation ou encore une exposition progressive aux situations anxiogÚnes.
Enfin, il est important que le patient apprenne à adopter un regard plus objectif sur sa santé et à prendre du recul par rapport à ses pensées catastrophistes.
Quelle est la différence entre la nosophobie et l'hypocondrie ?
La nosophobie se caractĂ©rise par une peur excessive et irrationnelle de contracter une maladie en particulier, tandis que l'hypocondrie est une prĂ©occupation constante et angoissante d'ĂȘtre malade sans pour autant avoir de symptĂŽmes prĂ©cis. Les personnes souffrant de nosophobie redoutent spĂ©cifiquement une maladie donnĂ©e, alors que les hypocondriaques ont souvent la conviction d'avoir toutes sortes de pathologies graves. La nosophobie se concentre sur la crainte d'une maladie prĂ©cise tandis que l'hypocondrie englobe un large spectre de prĂ©occupations liĂ©es Ă la santĂ©.